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23 mars 2006

José GOTOVITCH
(historien, ULB)

«Quand la mémoire brouille les réalités de l’histoire.»

 

Une vague a submergé la recherche historique : enterrant avec mépris les attardés du positivisme et du marxisme (devenu quasi une injure), la subjectivité s’est installée en critère dominant. Si les ravages du post modernisme ont été limités en Europe occidentale, il reste que la représentation et la mémoire se sont installées en mode dominant. Rejetant l’histoire économique et sociale, trop suspecte d’infiltrations marxistes, les nouveaux historiens investissent l’histoire culturelle, la désocialisant au bénéfice de la représentation et la mémoire.

En cela ils vont au-devant d’une partie de la classe politique qui cherche désespérément à remplir le vide idéologique qu’elle incarne au bénéfice de l’usage du passé qui peut lui fournir un cadre légitimant, des valeurs à brandir. Certains préfèrent s’adosser au passé car incapables de tracer des perspectives d’avenir.

L’engouement pour le passé devient ainsi une arme vide de sens car il agit comme instrumentalisation à usage du présent. La célébration s’installe en lieu et place de l’histoire et prospère car elle donne bonne conscience.

Par nature dérangeants et non consensuels car par essence contradictoires, les « terrifiants pépins de la réalité » disparaissent au bénéfice d’un discours jargonesque brillant où la construction décline son propre discours sous tous les modes, ne conservant qu’un lointain rapport avec les faits, considérés comme vulgaires. Par nature compréhensible, écrite pour tous, utilisant des concepts clairs exprimés en mots de tous les jours, l’histoire subit ainsi une sophistication qui l’éloigne des réalités.

Alors que la vision globale des faits historiques intègre leur représentation, celle ci devient un objet historique autonome à étudier comme tel. 

Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or : du Conseil de l’Europe aux gouvernements, une « entreprise » s’est développée, qui a ses managers, ses communicateurs, et même ses historiens. Des budgets très importants sont consentis au nom du devoir de mémoire. Appuyée sur des groupes de pression divers, l’entreprise mémorielle prospère et sert souvent d’alibi à la misère de l’histoire et des archives, à sa réduction dans les programmes  scolaires au bénéfice d’une « formation à la démocratie » dont le contenu est éminemment instable.

 

  • Extraits sonores

 

  • Biographie

José Gotovitch est historien, chargé de cours honoraire à l’ULB et ancien directeur du CEGES (Centre d’Etude et de Documentation sur les Guerres et les Sociétés contemporaines)

Ses recherches ont porté sur l’histoire du temps présent, l’histoire politique de Belgique, l’occupation, la résistance, le communisme

 

  • Bibliographie

- Henry Rousso, La hantise du passé, Textuel, Paris, 1998

- Enzo Traverso, Le passé, mode d’emploi, La fabrique éditions, Paris, 2005

 

  • Publications

- Avec J. Gerard–Libois, L'An 40. La Belgique occupée, Bruxelles, CRISP, 1971, 517 p.

- De Belgische socialisten in Londen, Antwerpen, Standaard Wetenschappelijke Uitgeverij, 1981, 228 p. Camille Huysmans (Geschriften en Documenten, Deel VIII).-

- Du Rouge au Tricolore. Les communistes belges de 1939 à 1944. Un aspect de l'histoire de la Résistance en Belgique, Bruxelles, Labor,  1992,

- Avec P. Delwit et J-M. De Waele, L'Europe des communistes, Bruxelles, Complexe, 1992, 354 p.(Identités politiques Européennes,).

- Avec la collaboration de Caroline Sägesser et Markus Wunderle, Le Gouvernement de Londres 1941-1944 . Documents diplomatiques belges 1941-1960, Tome I, Académie royale de Belgique Bruxelles , 1998, 496 pages.

- Mikhaïl Narinski et José Gotovitch (Dir.), Komintern : l’Histoire et les Hommes . Dictionnaire biographique de l’Internationale communiste en France, Belgique, au Luxembourg, en Suisse et à Moscou (1919-1943), Paris, Editions de l’Atelier, 2001, 604 pages. (Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier international)